Mesdames les capitaines veillent sur les ports – L'Officiel du Canal du Midi

Mesdames les capitaines veillent sur les ports

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Descendant à présent le canal du Midi en direction de la Méditerranée, il faut évidemment faire escale dans les ports. Et de Toulouse à Carcassonne en passant par Castelnaudary, «madame le capitaine» accueille les plaisanciers.

Le canal est un village. Et rien de plus vrai que cette affirmation d’Eric Stott, l’heureux patron du Gladys en route pour Castelnaudary. Un village où les habitués finissent par connaître tout le monde. Tenez…

Vous faites la pause au seuil de Naurouze, prenez un bain de verdure, rêvassez à Riquet, sa cité idéale qu’il ne put jamais construire ici. Et soudain un sonore «Salut toi !» vous ramène sur le canal. C’est le Jonathan qui remonte vers Toulouse, à savoir Jean-Pierre et Michelle Steiger, un couple d’Annecy mariés avec les Deux-Mers depuis 20 ans. Apéro obligatoire.

«Et tu sais, ce qui est super, sur cette partie-là, c’est l’efficacité du S.O.S.», lance Jean-Pierre. Le S.O.S. ??? «S.O.S. comme Sylviane, Odile et Stéphanie, les trois femmes capitaines des ports de Toulouse, Castelnaudary et Carcassonne. Quand on connaît ces trois figures, on connaît le canal, des filles comme ça !», souligne Jean-Pierre, pouce en l’air.

Madame le ou la capitaine, donc ? «Odile, ça ira», sourit à présent derrière son bureau celle qui veille sur Castelnaudary, «le premier gros port après Toulouse, halte obligatoire avant Carcassonne pour faire le plein, se ravitailler, traiter les eaux usées», résume-t-elle, avant de décrocher le téléphone. Deux Néo-Zélandais sur La Péniche Caroline. «Est-ce que vous pouvez m’appeler quand vous passerez l’écluse Saint-Roch ? Je sais que vous serez là 20 minutes après, je réserve l’emplacement», leur répond-elle.

Il est 17 heures et les arrivées s’enchaînant, c’est maintenant le coup de feu. Pour placer les uns et les autres, distribuer les plans et dépliants touristiques, expliquer, prendre les éventuelles commandes de viennoiseries pour le petit-déjeuner, et, bien sûr, de cassoulet proposé au comptoir via un «Fancy a cassoulet on board of your barge !», sans oublier évidemment l’essentiel : encaisser les nuitées, avec eau, électricité et deux douches incluses ici, à la capitainerie. Entre 10 et 30 € selon la taille du bateau…
The port of love…

Ticket qui aujourd’hui a fait vivre à Odile un truc sans précédent, vite relayé sur l’informelle «radio canal». «Un type qui devait 29 € est parti sans payer. Du jamais vu ! D’autant plus stupide que sur le canal, il allait forcément s’arrêter à une écluse : je l’ai rattrapé vers Port Lauragais!» n’en revient toujours pas Odile. Mais une exception…

Car ici, c’est… «the port of love», désormais. «Grâce à Odile», vous avez glissé Eric Stott, à Toulouse. L’histoire ? Eh bien c’est qu’amoureux du canal mais encore plus de Lisa, Eric a épousé sa promise à Castelnaudary, l’hiver dernier. Et qu’Odile a fait tous les papiers en mairie et organisé le mariage avec la trentaine d’hivernants du port. «Depuis, j’ai eu d’autres demandes et le 5 septembre, nous marierons Steve et Jo», sourit-elle.

Cependant, tout n’est pas toujours aussi rose, pour une capitaine de port. Prenez Stéphanie, à Carcassonne, celle qui a aidé Odile à se former au métier… Cinq minutes à peine suffisent à mesurer.

Fine blonde façon Audrey Lamy,elle court partout ce matin entre départs et arrivées. Attrape l’amarre lancée par un vieux loup de mer anglais furieux, et pour cause. Un bateau de location qui allait trop vite sur le canal a projeté son voilier et endommagé son gouvernail tandis que lui tombait à l’eau. Stéphanie qui n’y est pour rien mais essuie la tempête.

Plus loin ? Déjà la bière à la main, un type fait sauter son chien dans l’eau du port. «C’est interdit, ça , Monsieur… Si votre chien se fait percuter par un bateau ou vous, si vous tombez ?» Le type grommelle mais obtempère…

Assise sur le pont de son Mercator, à Toulouse, Sylviane sait l’angoisse du plaisancier tombé à l’eau qu’il faut récupérer. Parce qu’elle-même navigue et vit à bord. Et mieux que ça : parce qu’elle connaît ce danger depuis son enfance… «Je suis fille et petite fille de marinier née à Floirac, en Gironde et j’avais toujours dit que j’épouserai un marinier», explique la respectée capitaine et épouse de capitaine du… Capitole.

Car recevoir avec le sourire, assembler et refaire quotidiennement en tirant à la main le puzzle des péniches, des bateaux à quai, en fonction de leur longueur, largeur et de leur poids, savoir ce qu’attendent mariniers et marins d’eau douce à l’arrivée, elle connaît depuis toujours. Le plus difficile ? «Le voilier arcachonnais», sourit-elle. Préférant garder le meilleur, «le monde entier qui vient ici et me fait voyager quand moi, je reste à quai».

« Un type qui devait 29€ est parti sans payer. Du jamais vu !»
Le chiffre : 30

amarrages>quotidiennement disponibles. C’est ce que propose en moyenne le port de Castelnaudary, étape obligée entre Toulouse et Carcassonne.
Pierre Challier

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