Un espoir de traitement pour les platanes malades du Canal du Midi – L'Officiel du Canal du Midi

Un espoir de traitement pour les platanes malades du Canal du Midi

201407151953-fullActuellement au premier stade de la recherche scientifique, la méthode novatrice de thérapie bactérienne développée par onze étudiants toulousains pourrait un jour déboucher sur un vrai traitement du chancre coloré du platane.

Et si une bactérie permettait de venir à bout de l’épidémie de chancre coloré du platane ? C’est le défi que tentent actuellement de relever onze étudiants toulousains inscrits en quatrième année de master à l’Insa et à Paul Sabatier. Dans le cadre de leur participation au concours IGEM organisé par l’université de Boston, ces onze jeunes chercheurs en génie biochimique et en microbiologie ont imaginé de transformer Bacillus subtilis, une bactérie naturellement présente dans les platanes, en une machine de guerre contre le chancre coloré vivant au cœur même des arbres malades. Pour transformer Bacillus subtilis en «SubtiTree», les jeunes chercheurs lui adjoignent des gènes extérieurs qui la dotent de super-pouvoirs. Grâce à ces petits morceaux de chromosomes, SubtiTree devient capable d’identifier les cellules de la maladie, de s’y fixer, puis de produire et d’inoculer les fongicides mortels pour le chancre coloré. Et c’est justement ce qui fait toute la différence d’avec les traitements classiques par injection massive de fongicide. «Car le chancre coloré n’est pas particulièrement résistant, mais il se développe dans le phloeme, une partie de l’arbre que les fongicides injectés n’atteignent pas. Le phloeme est en revanche parfaitement accessible à «SubtiTree» la bactérie que nous modifions et qui circule dans le métabolisme du platane», explique Mathieu Fournié. Bien qu’encore dans sa toute première phase de recherche scientifique, le projet est alléchant. L’Inra s’est d’ores et déjà engagé à relayer les étudiants dès que sa viabilité sera démontrée. Et l’équipe dirigée par Gilles Truan et deux autres chercheurs du CNRS rattachés au laboratoire d’ingénierie des systèmes biologiques et des procédés (LISBP), devrait le présenter au cours de l’été au ministère de l’Agriculture.

En attendant, les étudiants, se préparent a un été studieux. Ils ont déjà déterminé les gènes des trois fongicides et des modules cible et de fixation de la bactérie aux cellules du chancre coloré et travaillent maintenant à leur incorporation au sein de la bactérie. Viendront ensuite les premiers tests en laboratoire avant l’envol pour Boston pour défendre leur projet face à 250 autres équipes en novembre prochain. Ensuite, même si ça marche, il faudra attendre. Car, prévient-on au ministère de l’Agriculture, il faudra beaucoup de temps pour mettre en œuvre les transferts technologiques qui déboucheront sur un traitement.»
Trouver des alternatives à l’abattage

Depuis le printemps 2013, le centre d’expertise en techniques environnementales et végétales (CETEV) basé au Faget près de Toulouse travaille à la mise au point d’un traitement du chancre coloré du platane. Pour tenter de venir à bout de la maladie les chercheurs de ce centre privé développent une méthode classique d’injection de fongicide dans les arbres malades.

Après un premier essai sur quatre platanes légèrement atteints par le chancre coloré réalisé à Sallèles d’Aude, près de Narbonne, le CETEV tente d’obtenir la validation de son traitement par le ministère de l’Agriculture. Mais auparavant, son projet doit être soumis pour avis aux experts de l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Celle-ci doit notamment valider la démarche scientifique mise en œuvre, l’efficacité réelle du traitement proposé, et les risques pour l’environnement de l’injection massive de fongicide dans les arbres.

Mais pour le moment, l’agence a jugé que le protocole déposé par la Cetev auprès du ministère de l’Agriculture n’est pas suffisamment abouti et lui demande un complément d’information.

Ce n’est qu’une fois le dossier dûment visé par l’Anses que le ministère de l’Agriculture dira s’il accorde ou non à l’entreprise du Faget l’autorisation de réaliser les essais qui pourraient peut-être un jour représenter une alternative à l’abattage qui reste pour le moment la seule prophylaxie connue.
La phrase

«Ce projet est particulièrement intéressant parce que très innovant. Il a reçu un bon accueil de la communauté scientifique. Le ministère réfléchit à la meilleure manière de le soutenir»

Un expert du ministère de l’Agriculture
LA DEPECHE DU MIDI 15/07/2014