« Tout n’a pas encore été dit sur le Canal et son histoire » – L'Officiel du Canal du Midi

« Tout n’a pas encore été dit sur le Canal et son histoire »


Les flots de voitures passent chaque jour sans voir ni savoir. Trois siècles d’histoire du canal s’étirent sur deux kilomètres de documents écrits et de cartes enroulées, empilés dans des rayons et des boîtes de fer et de bois. Il faut passer la barrière du petit parking réservé au personnel de VNF pour découvrir l’entrée de ce monument historique discret qui date de 1830, situé au port Saint-Étienne à Toulouse.

Samuel Vannier, diplômé d’un DEA sur l’histoire du canal, est le garant de cet endroit. De son petit bureau, il raconte son quotidien. Archiviste depuis 1998 sous contrat privé avec VNF, en charge également des projets culturels, il répond par mail aux questions des architectes, des géographes, des professeurs. Il collecte les archives actuelles, les stocke et les classe. Il relit les projets d’édition et d’exposition et reçoit sur rendez-vous, universitaires, étudiants, écrivains qui consultent sur place les supports d’origine sous son œil vigilant.

D’ailleurs, c’est muni de gants blancs que cet habitué des lieux , qu’il fréquentait quand il était étudiant, nous montre le parchemin de l’édit signé par Louis XIV, le 7 octobre 1666 et autorisant la construction du canal. Malgré le temps, on peut encore lire les élégantes lettres délicatement tracées à la plume : « Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France » ordonne la construction d’un « moyen de désenclaver le Languedoc et d’apporter une certaine richesse liée à un meilleur résultat pour le transport des marchandises et des passagers ». Et c’est ainsi que le roi lance l’un des plus grands chantiers de l’histoire pour relier « les deux mers Océane et Méditerranée » et réalise l’ambition de Pierre-Paul Riquet, cet ingénieur « autodidacte et curieux » percepteur des gabelles (taxe royale sur le sel), dont l’objectif est d’être anobli.

« Tout n’a pas été dit sur le canal. Il y a encore plusieurs sujets que je voudrais approfondir comme l’histoire des plantations apparues il y a deux siècles ainsi que le XIXe peu étudié », ajoute Samuel Vannier dont le métier devrait évoluer… doucement. « Le fonds est en bon état et on veille à ne pas changer les conditions climatiques du lieu. Mais il faut trouver des solutions et procéder par étape, avec nos petits moyens, pour préserver des moisissures et de la poussière ses liasses classées par thème et chronologie. La numérisation des documents est en cours, elle se réalise au fil de l’eau, souvent à la demande. »
Audrey Sommazi
Photo Rémy Gabalda – ToulÉco