L’architecte catalan, urbaniste en chef du projet Teso (Matabiau-Marengo), estime que le site où l’on projette de faire un gratte-ciel est bien choisi : «Il deviendra un symbole».
Comment voyez-vous l’irruption d’un gratte-ciel de 100 m ou 150 m de haut à Marengo, dans le cadre du projet Teso, à proximité du centre-ville ?
Pour faire une tour, c’est le bon endroit. Dans l’axe de Marengo, du canal du Midi, des allées Jean-Jaurès. En Europe, il faut faire le choix des bons endroits pour ce type de bâtiments, pas commun comme aux Etats-Unis, où l’on en construit un peu partout, en bord d’autoroute. Ici, à Marengo, il faut un bon programme, une excellente architecture, le bâtiment devra être beau et durable. Fait pour rester. À Toulouse, on a l’expérience de quelques bâtiments hauts, mais elle n’est pas très bonne, sauf exception. Il ne faut pas se tromper dans le choix de l’immeuble, de l’architecte, du promoteur. Ce gratte-ciel va devenir un symbole.
En tant qu’urbaniste en chef, pouvez-vous guider ces choix sur un appel d’offres lancé par la SNCF ?
On a travaillé sur le cadre guide de l’endroit, une sorte de cahier des charges. Il y aura beaucoup d’éléments à gérer : les entrées, la topographie difficile, avec le pont Pompidou sur le canal. La Ville sera bien sûr consultée.
Peut-il y avoir un modèle toulousain de tour ?
Non (rire). L’idée d’un concours restreint permet d’avoir plusieurs options, de faire le bon choix.
Pensez-vous que les opérateurs vont candidater sur un projet qui risque d’être cher par rapport au prix courant du m2 de bureau à Toulouse ?
C’est l’endroit le plus accessible de toute la Métropole. Il n’y aura pas seulement des bureaux, mais plusieurs fonctions (habitat, hôtel, commerces ? N.D.L.R.). En Europe, il y a des projets de tour un peu partout. À Vienne, il était même question d’en faire un, en cœur de centre-ville. Ce n’était pas le bon endroit, avec le problème de l’ombre portée sur le quartier, la proximité du centre ancien. Ici, à Toulouse, on n’est pas dans le cœur historique même si c’est proche. Il y a un dialogue à établir avec les allées Jaurès et leurs immeubles hauts, un peu trop datés. Il faut changer ce signe du temps.
C’est aussi le moyen de renouer avec la tradition des Capitouls qui voulaient la plus haute tour sur leur hôtel particulier ?
Oui, les éléments de repère dans la vieille ville, ce ne sont pas que les églises, mais aussi ces tours qui permettaient à leurs propriétaires de porter loin leur regard, comme dans la tradition italienne, ou celle du beffroi.
La tendance est aux gratte-ciel intelligents et durables ?
Les nouvelles pistes architecturales sont attentives à l’écologie et à la ville durable, même si c’est un peu plus cher, c’est mieux que de simplement répéter ce qui existe ailleurs. Il faut innover.
Le concours est lancé
SNCF Immobilier a lancé le 24 octobre un appel à candidatures d’opérateurs immobiliers équipes interdisciplinaires regroupant promoteurs, investisseurs, architectes, bureaux d’étude) pour céder les droits à construire sur le site dit «du tri postal», un terrain d’environ 2 000 m2 près de la gare et des allées Jean-Jaurès. En accord avec le PLU de Toulouse, en cours de modification, l’édifice pourra atteindre une hauteur maxi de 150 m. Date limite de candidature : 24 novembre 2016. Quatre équipes seront retenues, invitées à travailler sur un projet architectural et à remettre une offre d’acquisition de droits à construire. Le lauréat sera désigné début 2017. L’aménagement sera piloté en direct par la SNCF, qui assurera pour Toulouse Métropole la réalisation des espaces publics.
S.R.
Toulouse Grands chantiers
LA DEPECHE DU MIDI