Portiragnes : un rendez-vous extraordinaire avec Pierre-Paul Riquet – L'Officiel du Canal du Midi

Portiragnes : un rendez-vous extraordinaire avec Pierre-Paul Riquet

Un livre édité pour le tricentenaire de la mort de Paul Riquet le 1er octobre 1980, signé Simone Aïn, parlait du domaine de Roque-Haute. Il a fallu se rendre compte. Ce domaine de « Rocaute » en occitan cache bien des trésors! On sait que des fouilles y ont été entreprises et qu’elles ont mis au jour des vestiges de plus de 7000 ans qui datent du Néolithique ancien. Ce qui est beaucoup moins connu, c’est que Paul Riquet y avait établi sa carrière pour construire en basalte les berges du canal du midi.

Karine Gaillard a bien voulu ouvrir les portes de sa propriété. Une petite femme très tonique qui court tous les matins dans sa propriété jusqu’au Grand roc qui obture la bouche du volcan, domine toute la campagne environnante et déploie un panoramique époustouflant à 360°!

« En contre-partie de l’extraction de ces pierres, dit-elle, Paul Riquet a permis au domaine d’irriguer ses terres avec l’eau du canal. C’est toujours valable aujourd’hui. Il a construit le canal transversal au plus près de la carrière, perpendiculaire au canal du midi, pour ramener les pierres. Il fallait les rouler jusqu’à l’eau ou , pour les plus grosses, les faire traîner par les mulets. »

Pour Simone Aïn, un petit canalet, entrecoupé de ponts, qui irrigue la propriété a été aussi construit par Paul Riquet. Karine pense, quant à elle, qu’il a été construit après. En montant à la carrière, un envol de hérons et d’aigrettes s’étire dans le ciel, On rencontre plus loin des mares temporaires. Il est dit que ces mares peuvent être naturelles mais chez Karine elles ont été creusées en grande partie par l’homme qui venait là aussi extraire du basalte pour construire au Moyen-âge les maisons, les églises de Portiragnes et Vias et les routes .

« L’hiver tout est plein d’eau, c’est un tout autre paysage. C’est impressionnant, il faut venir voir ça! » ajoute-t-elle. On arrive à la carrière franchement discernable au milieu de la végétation. Des marches y ont été taillées. Des coupes nettes de 3 ou 4 mètres de haut fracturent la paroi. On employait des coins de bois que l’on trempait pour qu’ils gonflent et fassent éclater la pierre. Même si 3 siècles se sont écoulés et si la nature a repris ses droits au fond du cratère, cette carrière, le point d’orgue de la visite, reste, avec le canal transversal, la trace incontestée du grand bâtisseur.
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