De nombreuses communes de l’est audois traversées par l’ouvrage s’opposent au projet de
classement au titre des sites des abords du Canal. Trois maires s’expriment.
L’enquête publique a
pris fin le 21 mai. Les
abords du canal du
Midi, du canal de la
Robine et du canal de Jonction,
feront donc prochainement
l’objet d’un classement
au titre des sites. Près de 20
ans après l’inscription du Canal
sur la liste du patrimoine
mondial de l’UNESCO. Ce
nouveau projet est loin de faire
l’unanimité auprès des
élus des communes traversées
par l’ouvrage. Au fil de
l’eau, ils sont d’ailleurs nombreux
à faire part de leur désapprobation
vis-à-vis de ce
classement tel qu’il a été présenté
par la DREAL (direction
régionale de l’environnement,
de l’aménagement et
du logement), craignant pour
l’avenir de leurs communes.
ð «On empile
les contraintes!»
À Sallèles par exemple, le
maire Yves Bastié remet en
cause la zone de classement
qui peut aller jusqu’à plusieurs
centaines de mètres
de part et d’autres du cours
d’eau. «Dans cette zone, on
ne pourra plus rien faire,
s’insurge-t-il. Projets économiques,
touristiques, agricoles,
habitations… on va vous
dire que c’est possible mais
on connaît déjà les difficultés
à réaliser des projets… Le
canal du Midi devait être un
atout et il devient de plus en
plus un handicap! »
Un des deux projets actuellement
en cours sur la commune
en a d’ailleurs déjà fait les
frais : «Il y avait un projet de
400 pavillons autour du domaine
hôtelier du Somail
mais la personne a jeté
l’éponge quand il a su qu’il y
avait ce classement», regrette-
t-il.
En outre, le premier magistrat
dénonce également une
«approche complètement différente
en Languedoc-Roussillon
et en Midi-Pyrénées où
elle est beaucoup plus souple.
Ici, les services de l’État sont
des intégristes de l’environnement.
On dirait qu’on veut
que l’Aude devienne un désert.
Les règles seront trop
compliquées et les promoteurs
iront voir ailleurs… »
Yves Bastié aurait apprécié
que «les élus du conseil départemental
et du conseil régional
montent au créneau et
fassent une motion… On devient
fou à force d’empiler
des contraintes et ça va à
contre-courant de ce qu’on
pourrait faire pour notre territoire
qui, je le rappelle, est
le plus pauvre de France».
ð «Valorisons le Canal
sans tout interdire»
Même son de cloche du côté
de Ventenac-en-Minervois,
où le maire Christian Lapalu
s’inquiète également « des
contraintes qui vont certainement
découler de ce classement.
Le Canal est un joyau,
il doit être un plus et non une
contrainte!» Le premier magistrat
l’assure : « Je suis
pour la valorisation du canal
du Midi. Bien sûr qu’on ne
peut pas faire n’importe
quoi, il faut mettre des prescriptions
mais on ne peut
pas tout interdire. On ferait
mieux de mettre cette énergie
dans la replantation des platanes
».
À quelques kilomètres de là,
le maire d’Argens-Minervois,
René Lazes se montre aussi
«globalement défavorable ».
Et pour cause: deux zones incluses
dans ce classement
font partie des documents
d’urbanisme de la commune.
«Cela risque de geler tout
aménagement ultérieur, explique-
t-il. Et si ça devient inconstructible,
nous seront
obligés de réviser le PLU!»
Jennifer Pasero
EXTRAIT DE L INDEPENDANT du 27.05.2015