Le port d’escale technique de Ramonville, rempli de carcasses en rénovation, est un lieu hors du temps. C’est là que l’on répare les péniches avantde les remettre à flot.
À l’ombre de la zone industrielle de Ramonville, à deux pas du Bikini, le temps ne semble pas couler à la même allure. Là, derrière des bâtiments sans âme, se noue la tragédie des péniches en fin de vie. Des carcasses de bateaux gisent ici et semblent rendre leurs derniers soupirs. Pourtant cette apparence est trompeuse. Dans les eaux calmes du port d’escale technique de Ramonville, les péniches ressuscitent. Loin d’être un cimetière, ce lieu est plutôt «un garage», selon le maître de port, Olivier Iffrig.
En tout, ce sont 40 bateaux qui attendent un coup de pouliche pour repartir en mer : 20 à quai, 20 à sec. La cale de radoub, qui permet de réparer la coque des bateaux, est la plus grande du canal du Midi, pouvant accueillir des embarcations de 40 mètres de long. Une prouesse pour ce port créé en 1989 et laissé en concession pendant 18 ans à la mairie de Ramonville. C’est là, sur une enfilade de madriers, en cale sèche, repose «le Tenace», la péniche de 38 mètres du quai de la Daurade qui a sombré le 22 décembre dernier. Il y restera jusqu’au 18 septembre avant de recevoir des soins intensifs pendant un an. Autour de lui, des péniches, des petits voiliers ou des vedettes attendent patiemment. «En général ils restent une à deux semaines, mais certains sont là pendant 3 ans en attendant la fin des procédures judiciaires», confie Olivier Iffrig. Des incidents relativement rares mais récurrents.
Du chômeur au violoniste
Petite ville dynamique, Ramonville est une des rares villes à posséder deux ports, le port technique et le port de plaisance, surtout sur un cours d’eau artificiel. Les propriétaires appartiennent à toutes les catégories socioprofessionnelles, et viennent du monde entier.
«Nous avons une embarcation qui appartient à 7 familles américaines. Nous avons également un homme vivant grâce au RSA, un chirurgien ou encore un violoniste de l’Orchestre du Capitole. Ici, seul compte la volonté de vivre sur l’eau, de se sentir libre», témoigne le maître de port.
Autofinancé, ce projet est un succès : les réservations sont complètes jusqu’en mai 2015.
Seule ombre au tableau, la présence des curieux autour de carcasses souvent vides. «Les jeunes essayent parfois d’y pénétrer. C’est romantique mais très dangereux», affirme Olivier Iffrig. N’est pas corsaire qui veut. À l’heure où l’ombre conquiert le port, l’endroit, paisible, semble préservé de l’écume des jours.
Yohan Blavignat – LA DEPECHE DU MIDI