Grâce à Vauban, la rigole a pu alimenter le canal du Midi – L'Officiel du Canal du Midi

Grâce à Vauban, la rigole a pu alimenter le canal du Midi

Si le canal du Midi fête cette année ses 350 ans, il ne faut pas oublier «la rigole» qui alimente l’ouvrage, grâce à un ingénieux système de prise d’eau. Un coup de génie de Riquet et un coup de maître de Vauban

C’est une œuvre monumentale, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, le canal du Midi fête cette année ses 350 ans. Outre l’énorme chantier qu’il représenta, sa somme de défis techniques et humains, et enfin une course contre la montre face à ceux qui voulaient arrêter sa progression, Pierre-Paul Riquet a eu à imaginer l’incontournable question de son alimentation en eau. Où la trouver ? Comment la maîtriser ? Comment approvisionner l’ouvrage régulièrement, quel que soit le temps ? Ses pas le mènent en Montagne Noire et ses nombreux petits cours d’eau. Il imagine alors la création d’une réserve d’eau, suffisamment grande pour pouvoir alimenter le canal, été comme hiver. Le bassin de Saint Ferréol voit alors le jour. Il sera le plus grand lac artificiel conçu à cette époque. Défi technique et humain, encore en service aujourd’hui (lire ci-dessous), ce n’est qu’une partie du dispositif imaginé par Pierre-Paul Riquet. Ce bassin, comment l’alimenter lui-même ?
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En parcourant la Montagne Noire, il voit bien que le site n’est pas avare en eau. Il va alors imaginer un savant réseau pour la capturer et l’apprivoiser. La rigole de la Montagne noire voit ainsi le jour. Et encore aujourd’hui le dispositif est intact. Ou presque. D’Alzeau à Saint-Ferréol, c’est une balade tranquille et bucolique de 28 kilomètres qui s’offre au promeneur. Sous les arbres et le long de la rigole, on chemine en remontant le temps. Ici, pas de voiture, sauf parfois les véhicules chargés de l’entretien. On marche au son du clapotis de l’eau qui s’écoule à son rythme. Direction la mer ou l’océan, elle ne le sait pas encore.

C’est une des plus belles promenades de la région. Quelle que soit la saison, le paysage y est enchanteur. La végétation abondante renforce cette jubilation naturelle qui émane des lieux. En été, l’ombre y est bienfaisante. A L’automne, les couleurs mordorées, léchées de temps en temps par un rayon de soleil, explosent dans une symphonie d’ocre et de fauve…

Et la rigole serpente, se joue du relief. Longe le lac du Lampy pour en recueillir ses eaux. Puis arrive aux Cammazes. Elle est ici plus large, souvent pavée et maçonnée pour éviter la déperdition.

Aux Cammazes, un défi de taille s’est posé : comment changer de vallée ? La réponse vient de Vauban qui, après la mort de Riquet imagine un tunnel pour la rigole. 122 mètres de long, pour passer sous la montagne. Prouesse technique réalisée en deux ans, on peut l’emprunter à pied, s’y tenir debout, ressortir de l’autre côté et vivre de l’intérieur ce défi.

Plus rien n’arrêtera l’eau qui file avec délectation accomplir sa mission première : remplir le bassin de Saint-Ferréol.
Sébastien Dubos
LA DEPECHE DU MIDI