Comment Busquets va relancer son projet pour Toulouse – L'Officiel du Canal du Midi

Comment Busquets va relancer son projet pour Toulouse

Comment Busquets va relancer son projet pour Toulouse
Comment Busquets va relancer son projet pour Toulouse
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Joan Busquets, nommé par Cohen et confirmé par Moudenc, est toujours le grand architecte du centre-ville de Toulouse et du futur quartier Matabiau. Interview exclusive de l’urbaniste catalan.

Entre Barcelone, son port d’attache, Boston où il enseigne, à Harvard, et le monde, qu’il continue d’arpenter pour donner son avis sur les grands projets urbains, le professeur Busquets passe toujours du temps, avec toujours autant de plaisir dit-il, à Toulouse, où il travaille, avec son équipe pluridisciplinaire, à faire du centre-ville le cœur de la métropole naissante.

C’est ce projet urbain qu’il dessine dans un livre qui vient de paraître (1). L’urbaniste catalan a accordé une interview exclusive à «La Dépêche du Midi».

Avec ce livre, vous avez voulu dresser un premier bilan ou préserver l’avenir de votre projet toulousain ?

On a surtout eu l’ambition de transmettre, de faire connaître et comprendre ce qu’on a voulu faire sur Toulouse.

C’est très pédagogique ?

Oui, un peu technique parfois, mais tout le monde peut comprendre, je crois.

Quel regard portez-vous sur vos premiers résultats concrets ? Vous attendiez-vous à ce que les marches de Saint-Pierre soient dégradées, et les bouées volées ? Que la rue Pargaminières laisse si peu de place aux voitures ?

Place du Capitole, un changement très simple et peu coûteux, l’inversion du sens de la rampe du parking, fonctionne bien et a été adopté par tous. Sur l’espace de rencontre créé rue Pargaminières, les piétons ont vocation à l’emporter, comme dans tout le centre. Mais il faut laisser une possibilité d’accès des autos au parking. À terme, c’est sûr, il y aura moins de voitures en centre-ville. Concernant Saint-Pierre et ses marches, il faut trouver un mécanisme pour que les gens utilisent l’espace public avec civilité. Il suffit d’un peu de pédagogie et de bien informer. Les gens doivent comprendre, et sont capables de comprendre la phrase : «L’espace public, c’est à nous».

Vous avez été déçu par la réaction des Toulousains ?

Non, pas du tout. Cela arrive dans toutes les villes.Les services techniques de la Ville sont très réactifs, on travaille bien avec eux…

(Suite de l’interview page suivante)

1- «Toulouse, identité et partage du centre-ville»-Aux Éditions Loubatières
Cap sur Saint-Sernin et la Garonne

… Le changement de municipalité va-t-il influer sur votre projet ? Vous avez rencontré Jean-Luc Moudenc, êtes-vous en phase ?

On a parlé du centre-ville. Il veut donner la priorité aux abords du fleuve et à la mise en valeur des grands monuments comme Saint-Sernin, où il est nécessaire de revoir l’espace urbain. On travaille sur plusieurs alternatives. Il faut que cela soit confortable pour les résidents, les activités et les marchés du week-end de la place.

L’aménagement des boulevards et des bords du canal semble compromis, le maire désirant faire une pause sur les travaux gênant la circulation (avec abandon du tram) ?

Les boulevards (l’octogone) et le canal sont un peu liés. Il y a une pression très forte sur ces axes du fait du trafic de transit. Le canal du Midi doit être comme un grand boulevard d’une façade à l’autre. Si on remet la circulation dans le bon sens (côté droit et non à l’anglaise comme aujourd’hui), on dégagera de l’espace pour les piétons et les vélos. Mais il y a la solution du transit à résoudre, surtout aux Ponts-Jumeaux.

Tram ou métro, peu vous importe ?

En tout cas, il faut faire quelque chose de haute capacité pour diminuer le trafic de transit.

Le rééquilibrage affiché en faveur de l’auto remet-il en cause votre projet urbain ?

On en a discuté avec le maire. La voiture, c’est important, mais ce n’est pas le seul mode. Elle va changer aussi, devenir plus propre, électrique. C’est surtout son usage qui doit changer, et les autres modes (marche, métro…) doivent devenir plus attrayants.
Joan Busquets

L’urbaniste catalan dirige l’agence Bau-B fondée en 1990. Urbaniste en chef de Barcelone dans les années quatre-vingt, il a contribué à transformer la capitale catalane pour les JO de 92 et à l’ouvrir sur la mer. Professeur, il enseigne à Harvard (USA).
Un livre pour se faire mieux comprendre

Joan Busquets, prix Spécial Europe du Grand Prix de l’Urbanisme et prix Erasmus 2011, a été choisi, sur concours, pour diriger, avec son équipe, le réaménagement du centre-ville de Toulouse.

Il a aussi été chargé de préparer le réaménagement du quartier Matabiau-Marengo dans l’optique de l’arrivée de la ligne à grande vitesse en 2024. Jean-Luc Moudenc, à son retour au Capitole, n’a pas remis en cause les fonctions de celui qui avait été nommé sous l’ère Cohen et qui a commencé à changer le cœur de Toulouse (place du Capitole piétonne, aménagement des voies menant à la Garonne (rues Pargaminières/Romiguières et Suau), de la place Saint-Pierre (gradins) et des quais de la Daurade). C’est ce premier bilan que dresse l’architecte catalan dans un livre pédagogique mais simple, richement illustré de photographies, de cartes historiques, de dessins et d’images de synthèse annonçant le Toulouse futur. On y découvre comment les siècles et l’Histoire ont façonné la ville au cœur d’une métropole moderne qui accueille aujourd’hui un million d’habitants. L’urbaniste détaille sa stratégie pour développer un projet urbain par étapes qui doit rendre accessible le centre-ville à tous grâce à une nouvelle culture de la mobilité. L’urbaniste, fin observateur et piéton assidu de la Ville rose, justifie, au passage, ses choix de matériaux au sol (porphyre et granit du Sidobre) ou en matière de circulation et de stationnement.
Recueilli par Philippe Emery – LA DEPECHE DU MIDI