Castelnaudary. La poterie Not , entreprise du patrimoine vivant – L'Officiel du Canal du Midi

Castelnaudary. La poterie Not , entreprise du patrimoine vivant

201402082260-fullIls ont exposé au Louvre, ont un livre qui les raconte en images superbes. maintenant, les Not viennent de décrocher le label des entreprises du patrimoine vivant.

Ils tournent, tournent depuis trois générations et, trois générations de Perrutel ont tourné avant eux.

Depuis cent quarante années, dans le secret de l’atelier, se transmet, ici, un savoir-faire ancestral, de père en fils ou neveu. Mais chez les Not, c’est toujours et encore une affaire de famille. La poterie, joliment nichée en bordure du canal du Midi, sur la commune de Mas-Saintes-Puelles, est un joyau du patrimoine du Lauragais, au même titre que son cassoulet et l’État ne s’y est pas trompé qui vient de lui décerner le label «entreprise du patrimoine vivant». C’est par courrier que les Not – Jean-Pierre et Philippe- ont appris la distinction qui fait que, désormais, ils sont référencés sur le site Internet www.patrimoine-vivant.com. Deux ministres ont signé la missive, Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, et Fleur Pellerin, chargée des petites et moyennes entreprises, de l’innovation et de l’économie numérique. Une formidable distinction pour eux dont la poterie séduit tous ceux qui en passent la porte. Des rencontres extraordinaires qui leur ont valu d’exposer au Louvre Laurent Esquerre, un artiste devenu un ami ; ou encore de voir publié en superbes images, l’histoire familiale signée Jean Lecuyer – encore un ami. Rencontre encore que celle qui s’est faite à l’occasion de la présentation de l’ouvrage où des élus de la chambre de métier, sous le charme des lieux et de ses occupants a décidé de les aidèrent à monter un dossier pour ce label qu’ils sont les premiers à obtenir dans l’Aude.
Un label décerné par l’État

Le label «Entreprise du patrimoine vivant» est une marque de reconnaissance de l’État mise en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. Attribué pour cinq ans, ce label rassemble des fabricants attachés à la haute performance de leur métier et de leurs produits. Crée par la loi en faveur des PME d’août 2005, il peut «être attribué à toute entreprise qui détient un patrimoine économique, composé en particulier d’un savoir-faire rare, renommé ou ancestral, reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité et circonscrit à un territoire».
Poterie en Lauragais: une longue histoire

La poterie, en Lauragais, c’est une longue, très longue histoire sur laquelle Jean Tirand est absolument incollable et intarrissable. Qui n’a pas entendu parler du fameux Gavalda à qui l’on doit la non moins célèbre cassole ? Cet émigré italien, qui s’installa à Issel, se rendit compte que la terre locale avait des propriétés exceptionnelles qui seyaient à merveille pour la poterie culinaire. D’autres prirent la relève et l’on continua ainsi à fabriquer à Issel jusque vers 1830 des poteries pour faire cuire et conserver des aliments. Lacassaigne, où l’on faisait de grosses jarres, était surtout connue pour ses «rusquiers», autrement dit des cuviers, grands vases coniques, percés d’un trou, où l’on mettait le linge, recouvert d’un sac de jute et des cendres avant d’y verser de l’eau très chaude qui en dégoulinait sur le linge le rendant plus blanc… que blanc.

Saint-Papoul également était un centre important, renommé pour sa très belle vaisselle au XIXe siècle, L’entreprise la plus connue appartenait au marquis d’Opoul, député et maire, un mandat qu’il ne garda que peu de temps. On trouve encore quelques pièces de cette très très belle vaisselle vernie, signée.

Au Mas-Saintes-Puelles, les Not et avant eux les Perrutel se sont succédé au tour pour la fabrique de poteries de jardin, jarres ornementales, cassole ou autres pièces culinaires.
À Castelnaudary

L’arrivée des machines à vapeur, au XIXe siècle, a contribué largement à l’essor de la poterie à Castelnaudary, jusque-là fabriquée à la main. Des hommes ambitieux comme Douarche ou Bouat, son successeur, s e lanceront dans l’industrie de la poterie. L’entreprise de Bouat, située à ce qui est aujourd’hui la Closerie du Canal occupait tout le pâté de maisons jusqu’à la rue Griamude et de l’autre côté de l’avenue, où est l’aire de camping-car et employait plus d’une soixantaine de personnes. Ici, on fabriquait tout ce que l’on peut imaginer. Tout comme chez Garrouste, où s’est bâti le lotissement du Cugarel près du lycée Andréossy, employait, lui, une quarantaine de salariés, et Mandeville-Combéléran, là où est le Castellou, dans les cent vingt salariés. D’autres étaient moins importantes mais elles étaient nombreuses. C’était les Combes-Reynes, Naudinat, Azam, Barau, Armaing ou Reverdy. Ce dernier avait vingt à vingt-cinq salariés, les autres une petite dizaine. À l’apogée de la poterie en Lauragais, entre 1860 et 1920, la filière faisait vivre de 5 à 600 Chauriens, en emplois directs ou indirects puisqu’il y avait ceux qui fabriquaient, ceux qui étaient chargés de l’expédition des pièces ou encore ceux qui amenaient le bois, depuis la Montagne Noire, pour alimenter les fours. Il ne reste aujourd’hui sur la ville qu’Henri Moreno, potier de toujours, installée allées du Cassieu, dont la boutique recèle des merveilles, un homme par ailleurs très investi dans le marché des potiers.
LA DEPECHE DU MIDI 08/02/2014