Canal du midi : la navigation pourra reprendre le 17 mars 2019
La terre à combler est parfois de près de 3 m de hauteur./ Photo DDM
Grands chantiers, Aude, Intempéries
Endommagé par les inondations du 15 octobre dernier, le canal du Midi est actuellement en chantier entre Villedubert et Trèbes, là où l’Orbiel en furie est passée par-dessus la voie navigable.
«Hormis désordres climatiques d’importance, la réouverture du canal du Midi à la navigation est programmée pour le dimanche 17 mars. Les délais seront tenus et tout le monde est mobilisé.» Jacques Noisette, directeur de la communication aux Voies navigables de France, à Toulouse, se veut confiant, après les inondations meurtrières de la mi-octobre qui ont durement touché l’œuvre de Pierre-Paul Riquet. Il en va de l’activité touristique et économique, qu’elle soit directe ou indirecte (location de bateaux, restaurants, commerces…). Les dégâts ont été chiffrés entre 4 et 5 millions d’euros, et c’est VNF qui met la main au portefeuille pour faire face à toute cette reconstruction. Sur la partie située entre Carcassonne et Marseillette, plusieurs chantiers ont été activés. Avant eux, une étude sur la colline de Grazailles a été ordonnée, en vue de décider du traitement à pratiquer.
Le 15 octobre, l’Orbiel était passée au-dessus du canal
Les premiers travaux importants ont concerné le pont Vauban du canal de l’Orbiel, près de Trèbes, qui a particulièrement souffert, et qui sont désormais achevés. À la mi-décembre, plusieurs autres ont été lancés, dont ceux de Grazailles, entre l’écluse de Saint-Jean et celle de la gare de la préfecture. Sur 500 m environ, il est procédé à un soubassement au niveau du bas de la falaise, avec l’installation de gabions (solides fils de fer tressés et remplis de pierres) qui consolident les berges artificielles et permettent un bon écoulement de l’eau.
Dans le même temps, sur le bief entre l’écluse de l’Evêque, de Villedubert, et celle de Saint-Jean, deux gros chantiers sont en pleine activité de part et d’autre du pont du domaine de la Mijane. Les entreprises Cazal et Aude TP s’y attellent avec les grands moyens : pelleteuses, plusieurs Caterpillar Dumper de 60 tonnes, d’autres bahuts de 40 t charriant terre et roches afin de remettre en état tout ce qui a été détruit. À ce niveau, l’Orbiel a enjambé le canal, occasionnant une disparition totale des berges. Une vingtaine d’ouvriers travaillent à récurer le lit du canal (sur une largeur minimum imposée de 10 m), encombré de limon, branches et troncs d’arbre, et à réhabiliter les berges. Pour ce, les camions de l’entreprise de Salles-sur-l’Hers rapatrient quelque 10 000 m3 de terre récupérés à Arzens, suite au décaissement d’un terrain pour la construction d’un grand bâtiment chez l’union coopérative Foncalieu. Quotidiennement, les camions font la navette entre les deux sites et stockent cette terre humidifiée, malaxée sur place et rendue étanche. Les brèches à combler font parfois près de 3 m de hauteur. Dans la première quinzaine du mois prochain, les collaborateurs de VNF assureront la finition du dragage à l’aide d’une barge. Julien Gironce, chef de chantier de l’entreprise Cazal, reste concentré : «La semaine dernière, avec le mauvais temps, nous n’avons pas pu travailler. Nous redoublons d’intensité afin de respecter les délais qui nous sont impartis, soit la fin février». Jacques Noisette poursuit, lui : «La semaine prochaine, nous ferons un diagnostic de tous les travaux subsidiaires restants».
A priori, dans un peu plus d’un mois, tout sera remis en eau. Cela n’effacera pas toutes les cicatrices subies de cet automne, mais permettra de redonner vie à cette œuvre classée au patrimoine mondial et, par là même, démarrer une nouvelle saison touristique.
Pierre Adroit
Publié le 06/02/2019 à 03:57 , mis à jour à 07:57 www.ladpeche.fr