BEZIERS Poissons morts: le canal ne sera pas remis en eau Nature ù La sécheresse trop importante qui sévit cette année est à l’origine de cette catastrophe naturelle.

C’est un crève-coeur pour toutes
ces bestioles, explique Bernard
Delaude, le président de l’Asa de
l’assèchement de l’étang de Capestang.
Mais nous ne pouvons rien faire.
Les arrêtés préfectoraux, à cause de
la sécheresse, nous interdisent de remettre
en eau l’étang de Capestang et
donc le canal des Anglais. »
Dans ce canal, des milliers de poissons
sont morts ou sur le point de l’être faute
de quantité suffisante d’eau et d’oxygène.
Une mortalité qui a ému des badauds
venus, ce dimanche, assister impuissant
à ce désastre naturel.
«Par le passé, nous n’aurions pas hésité
à ouvrir les vannes du canal du Midi,
à mettre les péniches à sec. Ce n’est
plus possible aujourd’hui, insiste encore
Bernard Delaude. La législation très
stricte en matière de gestion des ressources
en eau nous l’interdit catégoriquement.
Je n’ai pas de solution pour
ces animaux. »
Vidé tous les 5 ou 6 ans
À la fin du printemps comme c’est le cas
tous les 5 ou 6 ans, l’étang de Capestang
qui s’étend sur un peu plus de 900 ha,
est vidé de son eau pour favoriser la régénération
de la faune et de la flore.
Cette opération, strictement contrôlée
par les services de l’État, ne peut pas,
non plus, être mise en oeuvre sans la fédération
départementale de la pêche de
l’Hérault qui organise des pêches électriques
de sauvegarde. Cet assec, comme
disent les habitués, est tombé une année
avec une sécheresse d’une ampleur
exceptionnelle et les animaux qui vivaient
dans l’ensemble des robines qui
entourent l’étang en payent aujourd’hui
le prix fort.
«Nous avons fait appel aux gestionnaires
de l’étang dès vendredi, car nous
avions de très nombreux appels de riverains
et de particuliers qui nous ont
alertés, ajoute un brin désemparé devant
le phénomène, Florian Martinez, le
trésorier de la fédération départementale
de la pêche de l’Hérault. Mais ils sont
contraints par les arrêtés préfectoraux
alors qu’ils ont des ressources en eau
avec le Bas-Rhône et le canal. La sécheresse
a sévi et malgré les prélèvements
de poissons effectués il y aura une mortalité
importante cette année dans le
milieu aquacole. La sécheresse aura
causé beaucoup de dégât. C’est malheureux
pour certaines espèces. Pour les
poissons-chats ce n’est pas grave car
ces derniers sont classés nuisibles en
France et quand on les sort de l’eau, il
faut les détruire. »
Si d’aventure, le canal venait à retrouver
une ressource en eau, il faudrait aussi
que les gestionnaires s’attaquent à un
chantier énorme de nettoyage. En effet,
vers la station de pompage de Périès
l’eau est souillée par les cadavres de
poissons en décomposition. Il faut tout
ramasser et évacuer vers un équarrisseur
afin de ne pas propager une pollution
bactériologique.
JEAN-PIERRE AMARGER
jpamarger@midilibre.com