Toulouse : l’architecte star Dominique Perrault redessine un quartier oublié – L'Officiel du Canal du Midi

Toulouse : l’architecte star Dominique Perrault redessine un quartier oublié

L’architecte de la Bibliothèque nationale de France et du Grand théâtre d’Albi, Dominique Perrault, travaille sur le schéma d’aménagement du quartier toulousain du Béarnais.

De la place Héraclès à Compans, du canal du Midi au canal de Brienne, un vaste quartier toulousain, autour de la rue du Béarnais, est appelé à se transformer. Le Capitole a confié une réflexion au grand architecte Dominique Perrault.

Comment vous êtes vous intéressés à ce projet ?

Un peu par écho au travail effectué à Albi. J’ai découvert Toulouse. La ville m’a plu. Ce site est proche du canal du Midi, classé à l’Unesco. Et les questions de la transformation de quartiers, de friches, sont des choses sur lesquels nous avons toujours réfléchi.

En quoi consiste ce travail?

La ville souhaite l’élaboration d’un plan guide, c’est-à-dire une cartographie. Pour moi, ce quartier doit être ouvert, mixte, souple… Il s’agit de savoir comment on le relie à ceux qui l’entourent, à un tissu urbain qui demande à être prolongé. Si on étire le tracé des rues, elles se relient d’ailleurs sans trop d’effort. Il faut mettre en place cette perméabilité.

C’est le principe qui vous guide ?

Ce quartier est situé dans une position urbaine qui n’est pas du tout disqualifiée. Il y a non loin l’université, le métro, un parc, le canal du Midi mais c’est un endroit invisible. Cela m’a beaucoup frappé lorsque je m’y suis baladé à plusieurs reprises. On étouffe là-dedans! C’est un vrai sujet lié aux emprises industrielles. Pour ce projet, on a tout à portée de main : le système vasculaire fonctionne très bien autour du quartier. Mais lorsqu’on arrive sur le site, il est difficile de passer au travers. L’idée est d’innerver en prolongeant , et non en créant de grands espaces spectaculaires.

Comment ce travail s’articule-t-il avec les projets des promoteurs ?

Qu’il y ait des projets, c’est positif. Il ne faut pas les contrarier. Mais il ne faut pas qu’ils impactent ce système urbain qu’on cherche à mettre en place, qu’une opération ponctuelle bloque des développements plus larges. D’où l’idée d’un atelier de quartier pour échanger, pour que les habitants aient une vision de la transformation. Il ne s’agit pas de définir de façon précise un plan d’occupation des sols. On cherche à offrir une plateforme, un lieu de travail avec tous les opérateurs, pour que les projets ne s’opposent pas mais s’articulent. Il y a des promoteurs l’arme au pied. Ils attendent les propositions du plan guide. Il y a la grande parcelle d’Engie pour laquelle il faut une réflexion par morceaux. Il faut imaginer des éléments de transformation, la relation avec le canal…

Le bâtiment de l’ex-caserne Compans sera rasé au profit d’un campus numérique. Quel est votre regard sur ce volet?

Le nouvel édifice ne doit pas recréer le mur ancien de la caserne. De façon générale, il faut être cool . Oui, il faut faire des projets. Et oui il faut les mettre ensemble, sous l’égide de la ville, pour que les espaces publics leur donnent de la valeur et les fassent vivre.
Étude urbaine

«Beaucoup de promoteurs nous sollicitent. Au lieu d’autoriser des opérations au coup par coup, nous avons décidé de mener une réflexion globale sur ce secteur où toutes les propriétés sont privées», explique Annette Laigneau, adjointe au maire de Toulouse chargée de l’urbanisme. Voilà le point de départ de l’étude menée par Dominique Perrault, l’architecte lauréat de la consultation, qui planche sur un schéma d’aménagement et non sur une réalisation en particulier. Entre Héraclès et Compans, cette entrée de ville porte la marque de son passé industriel lié à la présence d’une fonderie. La parcelle Engie fait partie du secteur mais aucune intention n’a été exprimée par le propriétaire, affirme le Capitole.
Propos recueillis par Jean-Noël Gros
LA DEPECHE DU MIDI